L’idée même de richesse
Alain Caillé, Éditions La Découverte, collection « cahiers libres », France, 2012
Nous savons tous que l’argent - c’est-à-dire la richesse matérielle - ne fait pas le bonheur (même s’il y contribue). Et la croissance du PIB non plus. Pire, depuis une trentaine d’années, celle-ci semble aller de pair avec un déclin du bonheur. Il est donc naturel de rechercher d’autres indicateurs de la richesse, qui entendent mesurer non seulement la valeur marchande, mais aussi la valeur sociale, humaine, culturelle, etc., produite par une société. Ces indicateurs alternatifs sont utiles pour rompre avec l’omniprésence de l’idéologie marchande. Mais ils donnent des résultats incertains et contrastés. Et, surtout, on peut se demander si, en prétendant agréger des données extrêmement disparates, ils ne participent pas du fantasme de la mesure universelle, celui-là même qui donne à la dictature du PIB toute sa puissance et qui alimente au-jourd’hui le culte de l’évaluation et du reporting généralisés au coeur du néomanagement.
Avant de tenter de mesurer les différentes formes de richesse, il faut donc s’interroger sur l’idée même de richesse. Et si la richesse était de l’ordre de la gratuité, de ce qui ne se mesure pas ou excède la mesure ? Du côté de l’inestimable ?