Interview de Maria Guadalupe Castañeda, région de l’Isthme de Tehuantepec au Mexique.
L’association travaille dans le domaine de l’appui à des projets agricoles selon des principes du commerce équitable. Elle assure le suivi de ces organisations:Conseil, Projet et Evaluations.
Chilo Villareal, décembre 2003
I Quel est l’objectif principal de votre activité économique?
Promotion de projets alternatifs intégraux : produire, industrialiser et commercialiser des produits agricoles, promouvoir un marché alternatif, juste.
II. Pratiquez-vous une économie différente ? En quoi se différencie-t-elle de l’économie dominante ?
Une économie qui rétribue avec justice ce qui appartient au bénéficiaire, l’autre économie exploite, produit de la plus-value en faveur du patron ou du commerçant.
III. D’après vous, qu’est-ce que l’abondance? L’abondance matérielle est-elle un but ou un moyen d’atteindre quelque-chose de plus ? qu’est-ce que c’est ce plus ?
Abondance: avoir suffisamment, avoir le nécessaire et un peu plus pour vivre avec dignité. Ce n’est pas seulement l’abondance matérielle. Un « plus », dans la conception intégrale, c’est la nourriture, la santé, le vêtement, le logement, l’enseignement. Surtout il s’agit de garder en abondance les valeurs communautaires éthiques qui soutiennent les liens d’unité dans la corrélation des biens.
IV. Quelles sont les valeurs que vous et vos camarades /collègues pratiquez dans votre vie et dans votre travail de tous les jours ? D’après vous, est-il possible que ces valeurs prédominent un jour dans l’ensemble de la société ? Comment peut-on les généraliser ?
Valeurs: partager le travail, les connaissances, l’unité, la justice, la solidarité, la persévérance, la rectitude, les expériences.
Peuvent-ils prédominer dans la société ?: c’est difficile, à cause de l’individualisme, les rêves de réussite personnelle et le perfectionnisme individualiste, mais ce n’est pas impossible d’entreprendre l’implantation de ces valeurs à partir des organisations.
V. Quelles innovations avez-vous développés sous la forme d’organisation, de gestion et d’appropriation des fruits du travail ?
Innovations: une méthodologie dès le début d’un projet qui conduit à l’appropriation du projet et de ses fruits ; une méthodologie participative, responsable, avec une rotation des services, où les propres bénéficiaires soient formés de façon à obtenir eux-mêmes les fruits du projet.
VI. Consideres-vous qu’il est important de travailler dans un réseau de solidarité ou dans des chaînes solidaires de production ? En quoi consistent-ils, d’après vous?
Le travail dans un réseau de solidarité est d’une énorme importance. « L ‘union fait la force », non seulement du point de vue économique, mais aussi de la conscience, de la force sociale, voire politique. Les réseaux peuvent être régionaux, nationaux, latino-américains, nord-américains. Il faut les consolider, puisqu’ils existent déjà.
VII. Votre activité a-t-elle de l’influence sur la vie de la communauté ? Comment et dans quelles sphères ?
Impact: les projets doivent toujours représenter un bénéfice pour les ménages et la communauté ; ils doivent surtout améliorer la vie, dans le domaine de la santé, l’habillement, l’alimentation, l’enseignement, les services, de façon intégrale et tout cela, nous parvenons à le faire dans les organisations qui participent au projet.
VIII. Qu’est-ce que le travail? Quelle valeur et quelle signification a-t-il dans votre vie ?
Travail: c’est la tâche que nous réalisons tous les jours, dans le foyer, l’administration, l’enseignement, dans le suivi des organisations.
Valeur et signification : je ne peux pas concevoir la vie de quelqu’un dans l’oisiveté ; je crois que tout le monde doit et a besoin de travailler, car le travail c’est recréer le monde, c’est une mission de l’être humain.
IX. ¿Quel est le rôle de la femme au sein d’une initiative économique caractérisée par la coopération et la solidarité ?
Rôle de la femme: normalement, la femme a une vue plus large et une plus grande expérience de l’administration, de l’économie, elle soigne mieux les ressources ; généralement elle est plus honnête, plus organisée ; elle peut facilement tenir une comptabilité, présenter des rapports à l’organisation et un fait important c’est qu’il y a des organisations où la participation de la femme est beaucoup plus forte.
X. ¿Comment les politiques publiques et l’Etat peuvent-ils contribuer au progrès d’une socio-économie solidaire ?
Politiques publiques et d’État : s’il s’agit de la création de programmes et de projets qui soutiennent et consolident les organisations et les réseaux, par exemple, contrôle des importations de base, prix de garantie réelle, programmes de subsides pour la campagne comme il existe dans tous les pays, support à la commercialisation à l’intérieur et à l’extérieur du pays (contrôle des « coyotes » - petit commerçants usuriers - dans les centres d’approvisionnement des marchés), politiques d’achat de produits de distribution directe aux consommateurs.
programmes de conseil, formation et suivi pour industrialiser les produits de la campagne et de l’artisanat. Par exemple : au Brésil il y a un Ministre de l’économie solidaire ; de même que l’achat d’aliments a des petits producteurs destinés à l’alimentation dans les hôpitaux, les écoles, les hospices, etc.
Des systèmes de crédit à faible taux d’intérêt, comme les « FONAES » et autres.
XI Croyez-vous que la mondialisation de la coopération et de la solidarité est possible ? Comment faire pour qu’elle devienne vraie ?
Mondialisation de la coopération et de la solidarité : Oui, comme une nouvelle modalité; c’est l’articulation des organisations, des réseaux, des chaînes qui vont se consolider et démontrer qu’une autre économie est possible, dans les faits, les réussites des organisations, les pratiques alternatives « le troc, la monnaie alternative ».
Il faut aussi tenir compte des contributions d’économistes en tant qu’intellectuels organiques en accord avec ce projet et qui puissent l’enrichir dans ses aspects techniques et pratiques.
Continuer à lutter pour consolider les réseaux.
Sources :
Chantier Vision du PSES
Voir aussi :
-
Mme Houngbo Julienne est membre de l’Association des caisses de financement du Bénin (ACFB) dont elle assure actuellement la présidence.
Aurélien Atidegla, novembre 2003
-
Joaquim est membre de la COOPEVIDA. Actuellement, il est le coordinateur général du CENTRU-MA (Centre d’Education et Culture du Travailleur Rural) et Vice-Président de la CCAMA (Centrale de Coopératives Agro-Extractives du Maranhão). Joaquim et sa famille possèdent un terrain de 33 hectares dans le sud du Maranhão, dans la municipalité de Mangabeiras.
Marcos Arruda, novembre 2003
-
Interview de CEDESA et REMECC (Réseau Méxicain de Commerce Communautaire).
La première organisation s’occupe de développement intégral dans plusieurs communautés paysannes dans la région de Dolores Hidalgo Guanajuato. La deuxième, de commercialisation au niveau national; elles sont liées à RELACC (Réseau Latino-Américain de Commerce Communautaire) basé en Equateur. Travaille dans le domaine de l’économie solidaire impliquant auto-consommation et consommation consciente pour aller vers un développement autocentré.
Chilo Villareal, décembre 2003
-
Interview de Austreberta Luján, Communauté Chatinos, région de Oaxaca au Mexique
Production et consommation de café Jamaica de qualité produit selon les principes de l’économie solidaire et de l’agriculture biologique.
Chilo Villareal, janvier 2004
-
Interview de Lozada Seminario Marianella , Groupe Initiative d’Economie Solidaire - Chiclayo (Pérou)
Activité dans le domaine de la formation, production, commercialisation au Pérou
Humberto Ortiz Roca, janvier 2004
-
Interview de Pariona Fredy, Magasin du Commerce équitable à Huancayo (Pérou)
Activité dans le domaine du commerce équitable
Humberto Ortiz Roca, janvier 2004
-
Dans un cadre économique très dégradé, l’économie Bayanihan ou économie solidaire aux Philipines met au centre les questions de formation, l’importance de Dieu, se délivrer de l’attitude de mendicité et apprendre à épargner ainsi que d’entreprendre dans un esprit différent.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
-
Interview de Annie García - Golden Harvest Christian Ministry International , Philippines.
L’économie “Bayanihan” ou économie solidaire aux Philipines, met l’accent sur l’élément spirituel et des projets pour permettre à des communautés de sortir de la pauvreté. Un travail d’échanges à différentes étapes de la chaîne de production permettent une amélioration substantielle de la qualité de vie des personnes impliquées.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
-
Interview de l’organisation- LJOR Fellowship, Philippines
L’organisation LJOR Fellowship coordonne sept organisations populaire dans sept villages. Ses activités comprennent la formation de valeurs, l’organisation communautaire, l’accumulation de capital, le développement d’entreprises et le renouvellement spirituel. Cette expérience s’inscrit dans le cadre de l’économie “Bayanihan” ou économie solidaire aux Philippines.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
-
Interview avec l’organisation Pasay City Cooperative Service, Philippines
Le Pasay City Cooperative Service promeut l’établissement et le renforcement de coopératives (habitat et identification de projets économiques pour les populations des bidonvilles). Il organise, coordonne et met en réseau 10 organisations populaires dans 10 villages. Importance de la sagesse et du spirituel.
Benjamin R. Quiñones, Jr., février 2004
-
Interview de NETECO -Organisation de Droits Humains intégraux, Puebla, Mexique
Importance du travail de groupe et d’amélioration de l’alimentation.
Chilo Villareal, mars 2004
-
Interview de l’Organisation Nahuathl Indépendante. (ORNI), Région de Nuevo Necaxa, Puebla, Mexique
L’ORNI est une société de Solidarité Sociale formée par 6 villages indiens de la Région de Nuevo Necaxa, Puebla, au Mexique. Elle travaille dans le domaine de la santé et de l’alimentation selon les principes de l’autogestion et du commerce équitable. Met l’accent sur la mémoire communautaire et l’importance du rôle des femmes dans la communauté.
Chilo Villareal, mars 2004
-
M. Déguénon Victor est âgé de 60 ans, marié et père de 8 enfants. Il a embrassé la carrière de jardinier depuis le 5 janvier 1972. Il a été élu président déjà une fois au niveau de l’Association des jardiniers de Houéyiho en 1992. En raison des réformes inhérentes à la décentralisation, il a été réélu à la dernière élection pour porter son savoir-faire à l’œuvre de l’émergence de leur coopérative.
Aurélien Atidegla, avril 2004
-
Interview de Sheelu Francis, Tamil Nadu Women’s Collective, Tamil Nadu – Inde
Sheelu Francis est une leader internationalement connue du collectif fort de 60 000 femmes, actif dans tout l’état de Tamil Nadu, dans le Sud de l’Inde. Sheelu est également la porte-parole internationale du Collectif: elle parle des impacts du commerce international, de la dette et des activités des entreprises transnationales sur le développement local, sur la sécurité alimentaire et la souveraineté.
Marcos Arruda, avril 2004
-
Oscarina est une représentante des travailleurs associés au mouvement de l’ECOSOL brésilien; elle est une leader du Forum de São Paulo de l’Economie Solidaire, et la seconde représentante de la région sud-est auprès de la coordination exécutive du FBES-Forum Brésilien de l’Economie Solidaire. La coopérative fonctionne dans le domaine de la psychologie – le groupe a opté pour la Psychologie Sociale Communautaire
Rosemary Gomes, mars 2004